Pour présenter le festival 2022, nous commençons par une série de quatre publications qui reprennent ses sous-titres : « plantes, autonomie et matrimoine », en rajoutant le thème annuel, la lune. Aujourd’hui, l’autonomie !
Dans l’association, un de nos mots-guides est l’empowerment. Venu du Chicago des années 1930 puis repris par les mouvements noirs et féministes des années 1970, le mot désigne le processus qui permet aux individus de prendre conscience de leur capacité d’agir sur les conditions auxquelles ils sont confrontés et d’accéder à plus de pouvoir. Ce mot n’a pas de traduction adéquate : empouvoirement, empuissancement ou le néologisme québécois capacitation. Dans l’association, pour retranscrire l’empowerement, nous avons choisi le terme d’autonomisation.
Dit comme ça, ça a l’air complexe mais, dans notre festival, cela passe par deux choses simples. D’abord, une autonomisation par les savoirs, afin de gagner en capacité à penser par soi-même : par exemple, la conférence scientifique d’Ad Naturam sur l’influence réelle de la lune sur le vivant permettra d’échapper à certaines croyances tenaces, tout comme la balade naturaliste menée par Doriane de Couserando (en photo).
Ensuite, une autonomisation par les savoir-faire, pour gagner en indépendance et se réapproprier des pratiques et des compétences confisquées : par exemple, avec Agnès de Flore des Cimes, la capacité de reconnaître des plantes sauvages et de cuisiner avec, ou, la capacité à créer sa propre pharmacopée familiale avec les ateliers baumes de Claire Jijun ou Maria Bertrandon.
Bien sûr, c’est l’empowerment des femmes que nous visons d’abord, mais c’est toutes et tous qui en profiteront ! C’est la raison pour laquelle nous ne sommes pas un « salon bien-être » et ne proposons aucun soin sur le festival : d’abord parce qu’on ne peut logiquement pas préconiser l’autonomie tout en proposant une nouvelle forme de dépendance vis-à-vis d’énièmes thérapeutes ; ensuite, parce qu’on ne peut pas contribuer à la croissance des savoirs et de l’esprit critique tout en faisant retomber le public dans certaines croyances, voire parfois du charlatanisme. C’est un parti-pris fort, peut-être clivant, mais que nous voulons résolument écoféministe et très actuel.
Enfin, dernière facette de l’empowerment façon « Journées sorcières », la mise en valeur de la sphère linguistique gasco-occitane : se réappropier une langue et une culture très longtemps dénigrées. Sur le festival, cela passera par la présence de la Calendreta deth Coserans sur le marché, par le concert de Revelhet à la cathédrale de Saint-Lizier qui met à l’honneur les voix et les chants de femmes des vallées ariégeoises et par le beau documentaire Camins de vida de la Télé Buissonnière, où le gascon de la vallée du Garbet résonnera juste avant la conférence sur les passeuses et passeurs d’Aulus-les-Bains et le rôle des femmes durant 1939-1945.
On a hâte d’y être et on espère que ce programme saura vous plaire, vous autonomiser voire vous « empuissancer » !